6 ans

Editeur : Hugo Roman

Date de sortie : 05/09/2019

— C’est pour une marque de quoi ?
— Sportswear. Pour des maillots de bain.
J’avoue sans honte avoir hâte de pouvoir le regarder dans ce nouvel environnement.
Nous avons pris le train ce matin. C’est un moyen rapide de retourner sur Paris. En plus de ça, on peut continuer de se reposer et se câliner sans que l’un de nous soit concentré sur la route. Après deux jours où je l’ai vu ronger son frein - la première fois où il s’est montré agité, c’était quand Bull Air lui avait proposé de partir aux Etats-Unis et qu’il comptait refuser -, Raph a fini par me dire où il comptait m’emmener. Je n’ai pas hésité une seconde à fermer ma boutique. Après la tragédie qui a frappé sa famille, qui l’a frappé, je crois que le meilleur moyen de lui changer les idées , c’est de s’éloigner le temps d’un week-end de notre ville.
De plus, une grosse partie de moi a envie de le dévorer du regard dans son élément que je ne connais pas encore. 
— Qu’est-ce que t’as ? m’interroge Raph alors que je reste pensive.
— Quoi ?
— Tu rougis ! 
Son œil m’inspecte. Il se penche vers moi, son nez remonte sur ma mâchoire. Un long frisson dévale ma colonne vertébrale vers le bas de mon corps. Raph sait ce qu’il fait. Sa bouche caresse mon oreille avant de s’écarter et me frustrer.
— C’est le maillot de bain qui te fait fantasmer ?
— Le shooting, avoué-je dans un murmure.
Son visage se détend. Cette réponse a elle seule, a l’air d’avoir balayé tous les doutes qu’il pouvait avoir sur cette sortie.
— Tu sais ça dépend du photographe et du style de la campagne, mais…
Raph retourne dans mon cou.
— Parfois, je dois m’enduire le torse d’huile.
Sa bouche continue de déverser son souffle chaud et ses mots dits dans une voix sensuelle. Des frissons en continu courent sur ma nuque. Je dois fermer les yeux. Devenu maître en la matière, Raph attise mon désir. 
— Tu imagines ?
Oh oui... Je connais les muscles de mon petit ami sur le bout des doigts et de la langue. Je sais qu’il est magnifique sur son wake. Qu’il me donne des palpitations lorsqu’on rentre du snow et qu’il se déshabille. Je sais que sa musculature de sportif pro attire le regard des filles sur son passage au bord du lac. A chaque fois que l’une de ses élèves - il donne des cours de wake maintenant en plus de ses heures d'entraînement - se montre trop collante, il s’écarte et ne regarde que moi. Tous les recoins du lac connaissent nos effusions de baisers ou de caresses un peu trop torrides pour un lieu public ! Mais je n’y peux rien. En plus de savoir que Raph est un homme bon, loyal et attentionné, le sport a sculpté son corps. J’ai craqué sur lui en le revoyant il y a presque deux ans. Maintenant, j’aime toutes les parties de lui. Ses défauts comme ses qualités. Et je le désire comme ce premier jour où j’ai revu cet adulte à la place du petit garçon que j’avais gardé. Cette fois encore, il joue avec moi. Il a retrouvé son assurance, m’embrase d’un simple frôlement. Mon corps entier s’offre sous sa bouche caressante. Au contraire de ce qui se passe entre mes jambes, j’ai la gorge toute sèche.
Sa main se pose sur ma cuisse, remonte sur mon jean. Mais comme nous sommes entourés de voyageurs, Raph s’arrête avant que son geste ne devienne plus explicite. Je retiens un gémissement de frustration, les cuisses soudain serrées.
— J’ai hâte qu’on soit arrivés, me balance-t-il en s’écartant pour de bon de mon visage rougi.
Je lui lance un regard noir. Je lui ferai ravaler ce sourire victorieux !

***

A notre arrivée sur Paris, Raph commande un taxi et nous emmène dans le studio où il doit bosser. Son manager de Bull Air est déjà sur place ainsi que le représentant de la marque de vêtement. Nous sommes pile à l’heure. Tous les techniciens sont déjà en place. Il y a eu un shooting avant lui, avec d’autres sportifs de glisse, que Raph salue d’une poignée de main amicale. Il me présente à chacun d’eux. 
Puis, je ne sais comment, le photographe m’indique des fauteuils ou je peux m'installer non loin derrière lui et regarder. Raph disparaît dans un vestiaire après avoir déposé un baiser sur ma tempe. Dans la salle, entrent trois mannequins ; des femmes superbes aux jambes interminables. Le photographe commence à les mitrailler seules. Tout est très simple. Un fond blanc, puis bleu électrique, puis vert pomme. Selon la couleur des maillots, on change les teintes. Il est rouge quand la porte du vestiaire s’ouvre de nouveau.
Je tourne la tête vers les nouveaux arrivants, retiens mon souffle quand le regard pénétrant de Raph vient sonder le mien. Il porte d’abord un peignoir avec le logo de la marque. Il s’avance face à l’objectif. Mon cœur pulse fort et de plus en plus vite en comprenant  qu’il commence habillé ainsi. Qu’il va se dévêtir.
Même en hiver, sa peau possède toujours sa jolie teinte dorée. Le peignoir tombe sur le sol, quelqu’un vient le chercher. Moi, je ne regarde que Raph. Comme il m’avait prévenu, il s’est enduit d’une huile mettant en valeur les reliefs de son corps. C’est discret, pas comme les bodybuilders en compétition. D’où je suis, tous les mouvements de ses abdos ou de ses pectoraux ressortent divinement.
Je connais son corps sur le bout des doigts. J’ai glissé et reglissé mes ongles dans ses creux, sur ses muscles. Mais c’est autre chose de le voir ici dans un élément où ce ne sont pas ses prouesses techniques mises en avant mais bel et bien ce corps magnifique.
Si je n’étais pas sa petite amie, si je n’avais pas passé des heures dans ses bras, je ne serais rien de plus qu’une midinette en pâmoison devant un mec beau comme un dieu. Dessiné comme un dieu. Je n’en suis peut-être pas à ce stade, n’empêche que mon taux d’hormones en ébullition grimpe en flèche. Ce boxer noir sur son corps souple et ce fond rouge, c’est une tuerie pour les yeux. Un péché auquel on ne peut résister comme l’aurait dit ma grand-mère ! 
Une des mannequins entre dans la zone de shoot. Comme Raph, elle porte un maillot noir. Un bikini sportif. Ils posent au départ à un mètre l’un de l’autre. Puis, le photographe change ses instructions. Il doit y avoir de l’interaction entre eux. Un échange de regard. Une main enroulée sur un bras, ou négligemment passée autour du poignet. Sans sourire. Regardant l’objectif ou l’ignorant s’ils doivent s’intéresser l’un à l’autre. 
 Le fond est changé une première fois. Raph doit retourner se changer en vitesse puis revenir. Le même manège se répète. Je ne m’ennuie pas. C’est plutôt intéressant de découvrir l’envers du décor. De voir Raph studieux, appliqué. Il prend ce job très au sérieux.
— La marque nous a demandé une série pour la St Valentin. On diffusera la pub sur les réseaux ce week-end.
 Mon petit ami n’a pas l’air au courant. Je le remarque à son air étonné. Puis il écoute les recommandations du photographe et du représentant de la marque. Je comprends qu’un truc cloche quand il fronce les sourcils mais ils parlent trop bas, trop loin pour entendre. Je suis prise d’un violent pressentiment en avisant la blonde magnifique qui revient sur le devant de la scène. Cette fois-ci, je déchante. Si durant les sessions précédentes, les mannequins maintenaient une certaine distance avec Raph, ce n’est pas le cas pour cette nouvelle salve de photos de la St Valentin. Les règles changent. Les poses deviennent plus intimes, le visage de la fille se rapproche du sien. Les peaux s’effleurent. 
 Je ne décroche pas mes yeux de leurs corps. Mon petit ami reste professionnel et indifférent. En revanche, je n’aime pas du tout les regards langoureux que lui jette cette fille. Tu te fais des idées, Vic ! 
Malgré moi, mon cœur bat plus fort, mon sang s’échauffe.
Raph me scrute derrière la tête de la blonde. Que voit-il ? La douleur de voir une autre femme pendue à son cou ? La jalousie envers le mannequin féminin qui prend son rôle trop à coeur ? Ou l’excitation de me dire que cet homme sur lequel fantasment peut-être des dizaines de filles devant ses pubs n’est que pour moi ?
Mon wakeboarder pose. Un coup la fille est devant lui, le bras jeté en arrière autour de son cou, la bouche comme attirée par la sienne. Un autre, elle se tient à ses côtés sans le toucher mais en le dévorant des yeux. L’instant d’après, le photographe lui demande d’agripper le bras de mon petit ami, de coller sa poitrine contre lui et de fixer l’objectif. A aucun moment Raph ne regarde sa partenaire. Le photographe a beau se déplacer, c’est à peine s’il s'intéresse à lui. Il ne lui accorde que quelques coups d'œil qui semblent satisfaire le professionnel mais ensuite, son attention revient sur moi.
Les palpitations de mon cœur s’affolent. Je ne bouge pas et pourtant j’ai l’impression de transpirer. J’ai chaud, mes joues me brûlent, mes yeux ne se détournent pas une seule seconde de lui et de cette fille. Ma respiration est laborieuse. Ma poitrine monte et descend à un rythme infernal, mais chaque inspiration me blesse comme si des centaines de morceaux de verre écharpaient mon cœur. Les yeux de Raph tombent sur mon torse à la cadence désordonnée. Un sourire canaille monte sur ses lèvres. Son regard m’enflamme. J’ai soudain l’impression de me tenir nue devant lui, que des idées lubriques lui passent par la tête et qu’il va se jeter sur moi, là au milieu de tout le monde. Je ne le retiendrai pas. Je déglutis, assoiffée. Je m’humidifie les lèvres. Mon geste n’échappe pas à mon petit ami. Ses yeux bruns virent au noir.
— Ce regard est parfait Raph. Reste comme ça !
La fille en profite pour se glisser dans ses bras. Je fronce les sourcils. C’est une professionnelle ! Je me le répète au moins une dizaine de fois en vue de me détendre. Mais ce n’est pas facile quand son mec et une autre femme se pavanent à moitié à poil l’un contre l’autre. Je ne sais pas quelle expression je renvoie, mais elle perturbe Raph. Ses yeux papillonnent en reprenant corps dans la réalité. A l’instar de moi, il fronce les sourcils : la perspective de couver du regard une autre nana - même pour le boulot - ne semble pas le ravir des masses.
— On va faire une pose. Ensuite, on fera la série “habillée”.
Je danse d’un pied sur l’autre, envahie d’une sensation brûlante, excitante. Qu’est-ce qui m’arrive ? Raph et moi, on est ensemble depuis un an et demi. La passion du début n’est-elle pas censée s’estomper ? C’est comme si je me retrouvais au début. Je le revois chez sa mère. Je le revois me provoquer, chercher à me déstabiliser, à me prouver qu’il m’attirait. Il me dédie le même regard que ce jour-là. J’entends encore ses mots : “Bien sûr qu’elle peut prendre ma chambre” comme s’ils avaient signifié “Bien sûr qu’elle peut me prendre”. Raph est de nouveau sûr de lui, il me plait. J’ai envie de lui. Maintenant ! Bon sang, Vic, tu n’as plus vingt ans ! Tu devrais pouvoir calmer tes pulsions ! Avec lui, c’est quasi chose impossible.
Dans le brouillard de mes pensées, je ne remarque pas que mon petit ami s’approche de moi avant d’entendre sa voix au-dessus de ma tête pensive.
— Tu penses à quoi pour ne pas me voir approcher ?
Je lève les yeux sur un Raph, revêtu de son peignoir, souriant, fier de lui. Je me racle la gorge.
— A nous.
Ses lèvres s’étirent en grand. Rêveur, heureux, il me tend la main.
— On fait une pause d’un quart d’heure.
Je me lève, le suis tandis qu’il me guide vers les vestiaires. J’ai le temps de capter le regard de la mannequin sur nous avant qu’on ne s’engouffre dans un couloir. Raph ouvre la première porte, la referme derrière nous. J’entends le clic du verrou dans mon dos. Je me retourne ; il s’est adossé contre le battant, les mains dans les poches de son peignoir et m’inspecte comme si mes pensées mystérieuses et moi représentions un spectacle très intéressant, et savoureux.
Je comprends qu’il ne fera pas le premier pas. Il préfère s’amuser.
Je ne peux même plus déglutir, je n’ai plus de salive !
— Je ne sais pas si j’étais trop loin de toi pour bien décrypter ton regard, mais il me semble que tu étais excitée…
— Je l’étais, oui.
Je ne cherche pas à nier.
— Tu ne l’es plus ? s’étonne-t-il.
— Pas quand une autre fille te tripote…
— Tu as envie d’étriper cette fille ?
— Non.
— Qu’est-ce que tu veux alors ?
— Te montrer…
A mon tour de retrouver mon assurance. Je m’avance vers lui, d’un pas que j’espère félin, sensuel, aguicheur. Raph se mord la lèvre, mate ouvertement mon corps. J’ai déposé mon manteau en arrivant dans le studio. Mon jeans, et le pull que je porte ne dissimulent aucune courbe qu’il ne connaît pas.
Je me fige à dix centimètres de lui. Ma poitrine frôle son peignoir. Je baisse les yeux vers le col plus lâche au niveau de ses pectoraux. La peau fraîchement rasée, tendue sur ses muscles m'émoustille toujours autant. Maintenant que nous sommes seuls, le désir explose jusqu’au bout de mes orteils !
— Me montrer quoi ? demande-t-il impatient de connaître la suite.
Je ne peux même pas répondre, ses mains se collent à mes joues, sa bouche s’abat sur la mienne. Il m’embrasse avec force. Je gémis sous l’assaut de ses lèvres dévorantes. J’inspire l’odeur de sa peau, de l’huile finement étalée dessus. 
D’un mouvement fluide, il inverse nos positions. Mon dos se pose contre la porte, son corps se presse contre le mien. Raph ne quitte mes lèvres que pour parsemer mon cou de baisers. Ses mains soulèvent mon pull, le retirent. Mon cœur est au bord de rompre. Le peignoir s’ouvre à cause de nos frottements. Je suis affamée de lui. C’est comme si nous n’avions plus que cinq minutes à vivre et qu’il fallait que nous ne fassions plus qu’un avant la fin du monde. Je suis précipitée. Avide. Assoiffée. Je dénoue les boutons de mon chemisier, de mon jeans. Raph prend la suite, me glisse les bras hors des manches tout en poursuivant le tracée de sa bouche et de sa langue sur mes épaules. Il s’agenouille, me regarde d’en bas. Son peignoir rejoint le sol.
— Me montrer quoi ? répète-t-il, en caressant le haut de mes cuisses du bout de son nez.
Je frissonne. Mes orteils se recourbent tellement j’ai envie d’écarter les jambes, de l’accueillir en moi.
— Vic… s’impatiente-t-il avant de me punir d’une morsure.
Je ferme les yeux. Ma tête bascule en arrière sur la porte.
— Que tu n’en désires aucune autre que moi, murmuré-je à bout de souffle.
 Une griffure sur mes fesses remplace la morsure.
 Ma réponse n’a pas l’air de lui plaire, mais je ne sais plus réfléchir tellement mon désir me fait bourdonner la tête. Je ne réagis plus qu’aux sensations. Ma raison, ma logique, je les ai mises en mode pause.
 Je sers les poings quand son souffle chaud s’écrase entre mes jambes. Que sa langue s’aventure sous la dentelle de ma culotte. Combien de temps ? Je n’en sais rien. Assez pour faire grimper la pression dans mon ventre, le flux sanguin dans mon cœur. J’ouvre la bouche pour respirer c’est alors que la sienne vient me faucher mon air. Je m’accroche de nouveau à lui revenu à ma hauteur. Raph m’incite à passer les jambes autour de lui. Son boxer a disparu je ne sais comment. Et je le sens peau à peau contre moi… oh oui. 
— En désirer une autre ? 
Sa voix résonne à mon oreille presque avec colère. Je redresse la tête. L’affronte.
Son gland joue sur mon entrejambe. Il nous prépare, m’excite pour que je l’accueille au mieux. Je resserre les jambes autour de lui. Que le message soit clair : je le veux en moi !
— Comment veux-tu …commence-t-il.
Les battements de mon cœur s’arrêtent quand il entre, puis ressort tout de suite après en accompagnant ses mouvements de ses mots tranchants, sincères.
— ...que ce soit possible ? 
Il termine sa phrase précédente en écartant le bassin de moi et je crois mourir.
— Comment pourrais-je en vouloir une autre, Vic ?
Je couine lorsqu’il s’enfonce en moi entièrement.
— Comment ? Alors que tu es…
Il va...
— la seule…
et vient.
— Que je veux.
Encore.
— Depuis toujours.
— Oh mon Dieu ! 
Ses mots sont un aphrodisiaque. Et son sexe en moi, un shoot d’extase. De plaisir pur. 
Je me sens femme. Je me sens invincible. Désirée. Délurée. 
Comblée.
Accrochée à ses épaules,, ses muscles sous mes doigts se contractent. Raph me martèle à un rythme effréné. Ses grondements sourds résonnent contre ma bouche. Trop excitée, par sa séance, par ses mots, ses va-et-viens incessants, je suis à deux doigts de perdre pieds. 
— Raph ! appelle une voix dans le couloir après deux Toc rapides.
Oh merde !
— Hum...
Un simple oui ne parvient pas à sortir de ses lèvres. Pour le taquiner, je l’embrasse plus profondément.
— On va reprendre. Tu as fini de te préparer ?
Mon petit ami parvient à s’écarter de mon visage. Sa paume se plaque contre ma bouche. Raph est toujours à l’intérieur de moi. Le plaisir s’accentue alors qu’il tente de se contrôler pour répondre :
— Pas encore !
— Qu’est-ce que tu fous ?
— Donne-moi cinq minutes, lance-t-il au type de l’autre côté.
— Deux suffisent, précisé-je tout bas d’un air effronté.
Le regard noir de Raph vire à l’orage.
— Putain, Vic.
J’avais raison. Deux minutes de plus suffisent ! Raph termine essoufflé, le visage plongé au creux de mon cou. Il  s’affaisse contre moi, et me laisse retrouver la terre ferme. Mes jambes tremblent, je ne sais même pas comment il est encore possible qu’elles me portent !
Nos respirations s’apaisent. Je suis adossée contre la porte. Raph penché se maintient au battant à côté de moi. On échange un regard en biais. Je suis en petite culotte. Son boxer traîne sur le sol à côté de ses pieds. On se met à rire au même moment devant notre bazar. Il me tend mes affaires puis enfile la tenue de sport pour laquelle il doit encore poser. 
— Raph, on va encore dire… qu’on baise comme des lapins, commenté-je en reboutonnant mon chemisier.
— Ceux qui disent ça sont jaloux !
Raph est souriant. Affreusement détendu. Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de retourner de l’autre côté, de le voir de nouveau auprès d’une autre. Mais il ne me donne pas le choix. Il me prend la main lorsque je suis prête et me tire derrière lui. Retour à la case départ après cet interlude sexy !
— Est-ce que tu crois qu’ils se doutent de quelque chose ?
Raph me regarde d’un œil pétillant. 
— Je reviens hyper détendu et toi tu as les cheveux en bataille !
— Quoi ? 
Je me passe la main dans ma tignasse, histoire de la dompter tant bien que mal. A ma droite, Raph se marre. 
— Ça ne te dérangeait pas, au début quand on le faisait alors que mes potes étaient tout proches… Maintenant que j’y pense… tu perds toute inhibition quand tu es jalouse. 
— Tu dis n’importe quoi !
— Ah oui ? Tu ne te rappelles pas m’avoir allumé avec une glace sitôt après m’avoir vu discuté avec Amélia ?
— La glace était bonne… je ne faisais que la déguster !
Je mens évidemment et très mal ! Bien sûr que je me rappelle de cette fois-là. Si je n’ai pas eu de mal à accepter mon attirance pour Raph, de six ans mon cadet, au début de notre relation, ça ne m’a pas empêché de ressentir certaines incertitudes. Ça ne m’empêche pas de les ressentir encore.
Comme si il le comprenait sans que je le dise, Raph se stoppe à quelques mètres du photographe et des membres de l’équipe en train de revenir à leurs occupations. Il se poste devant moi. Son sourire ravi n’a pas déserté ses lèvres.
— Ça me plait.
— Qu’est-ce qui te plait ?
— Que tu sois toujours aussi passionnée. Que tu sois toujours autant jalouse et que tu me sautes dessus chaque fois que tu crois que je peux en regarder une autre…
— Je fais vraiment ça ? Te sauter dessus dès qu’une autre fille te mate ?
— Ce n’est pas ce que tu viens de faire ?
— C’est toi qui m’a plaquée contre cette porte !
— Et tu n’attendais pas que je le fasse ?
Je ne le détrompe pas.
— Tu es décomplexée en temps normal mais quand tu te sens en insécurité, tu deviens…vorace !
— Génial ! m’exclamé-je les yeux au ciel. Voilà que je vire nympho ! En gros, je ne te retiens que par le sexe.
— Ce n’est pas ce que j’ai dit ! 
Il revient contre moi, se moquant bien des regards curieux posés sur nous. Son nez frôle le mien. Son front se pose sur mon front.
— Tu n’as pas besoin de me retenir. Je suis entièrement à toi. Et… j’adore le sexe avec toi ! Je dirais même, c’est mon sexe préféré !
Comment ne pas craquer pour ce sourire ?
— Te marre pas !
— Vic. Toi et moi on est sur la même longueur d'onde. On baise beaucoup ? On baise trop ? Et alors ? N’écoute pas ce que les autres disent. Toi et moi, on sait qu’il n’y a pas que ça. Et je te le prouverai. Toute ma vie s’il le faut. Je te veux dans notre routine, sur un snow, à la boutique, chez mon frère… Et je te prouverai aussi que je te désire comme ce jour-là quand tu es revenue.
Je ferme les yeux en entendant sa déclaration.
— Je t’aime, chuchoté-je à deux centimètres de sa bouche.
— Je t’aime. Et je te préviens… tu n’as pas fini de te faire prendre contre une porte. 
Je dois virer au rouge. Raph a parlé plus fort. Quelqu’un a peut-être entendu... Et après tout, je ne les connais pas ces gens. Je m’en fous !
Je connais Raph par coeur. Derrière ce corps sexy qui m’attire comme au premier jour, je sais qu’il y a cet homme présent pour moi à chaque coup dur. Et je m’en suis fait la promesse : je serai toujours présente pour lui. Les derniers mois ont été durs mais on a réussi à être heureux malgré la tristesse.
— Bon, je finis ce boulot et ensuite, on profite de notre St Valentin.
Il commence à repartir vers l’estrade. Il fait demi-tour. Revient.
— Et tu sais quoi ? Il se peut que ce soit romantique.
Il me lance un dernier clin d'œil et finit par retourner travailler. Je rigole. J’ai vraiment hâte de voir ce qu’il m’a préparé...